Les murs dâune officine milanaise bruissent encore du cliquetis des premiers dĂ©railleurs, tandis quâaujourdâhui, deux emblĂšmes du cyclisme italien rĂšgnent sur les cols : Bianchi et Colnago. FaçonnĂ©es par 140 ans dâaudace, ces marques transalpines nourrissent une rivalitĂ© fĂ©conde oĂč lâĂ©lĂ©gance cĂŽtoie la performance pure. Dans un marchĂ© 2025 en plein essor, dominĂ© par les gĂ©ants Pinarello, Specialized, Trek ou Cannondale, le duel Bianchi-Colnago conserve un parfum dâartisanat et de panache. Le cadre C-Lab de Cambiago rivalise dĂ©sormais avec le Reparto Corse de Treviglio, tandis que la fibre carbone devient un terrain dâexpression aussi crissant quâune Strade Bianche balayĂ©e par le vent. Ce face-Ă -face, nourri dâinnovations aĂ©ro, de transmissions Ă©lectroniques et de lĂ©gendes Ă©piques, se lit dĂ©sormais Ă travers les sorties dominicales des cyclos comme dans les classements WorldTour. Entre hĂ©ritage, technologie et Ă©motion, la question demeure : oĂč battre le cĆur dâun cycliste en quĂȘte du vĂ©lo ultime ?
HĂ©ritage italien et mythes fondateurs : quand lâhistoire forge la lĂ©gende Bianchi et Colnago
Bianchi naĂźt en 1885 sous lâimpulsion dâEdoardo Bianchi, serrurier devenu visionnaire. En Ă©quipant les Bersaglieri Ă la veille de la PremiĂšre Guerre mondiale, la marque choisit dĂ©jĂ la voie de lâinnovation patriotique. Colnago surgit en 1954 : Ernesto, alors apprenti soudeur, crĂ©e ses premiers cadres dans une ferme de Cambiago. Deux destins parallĂšles que tout oppose â la taille industrielle de Bianchi contre lâartisanat du trĂšfle â mais quâune mĂȘme passion fĂ©dĂšre : servir les champions.
De Coppi à Pogacar, une généalogie de victoires
Fausto Coppi triomphe sur un Bianchi pourtant dotĂ© de roues en acier, tandis quâEddy Merckx pulvĂ©rise lâheure avec un Colnago tout acier Super. Les annĂ©es 1990 voient naĂźtre le C40 en carbone, premier vainqueur de Paris-Roubaix ; cĂŽtĂ© Bianchi, le cadre Mega Pro XL dâPantani enflamme lâAlpe dâHuez. Ces anecdotes nourrissent la comparaison : maniabilitĂ© fĂ©line chez Colnago, poĂ©sie Celeste chez Bianchi.
- đïž 1885 : premier magasin Bianchi Ă Milan.
- đ 1954 : Ernesto Colnago rĂ©alise son premier cadre dans la cour familiale.
- đ 1995 : C40, premier carbone victorieux Ă Roubaix.
- đ 2025 : lancement du Y1RS pour lâĂ©quipe UAE.
AnnĂ©e | ModĂšle iconique | Victoire majeure đ |
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1949 | Bianchi Specialissima | Giro dâItalia |
1972 | Colnago Super | Record de lâheure |
1998 | Bianchi Mega Pro XL | Tour de France |
2020 | Colnago V3RS | Tour de France |
En parallĂšle, des marques telles que Giant, Lapierre ou Look sâexportent sur les podiums, mais aucune nâĂ©gale ce duel transalpin en storytelling. Les passionnĂ©s qui comparent rĂ©guliĂšrement Canyon et Rose via le dossier canyon-vs-rose reconnaissent que le romantisme italien ajoute une saveur rare aux sorties matinales.
La route mĂšne dĂ©sormais vers lâingĂ©nierie moderne, mais la silhouette des anciens cadres pĂšsent toujours sur lâimaginaire. Câest ce fondement affectif qui pousse autant de cyclos Ă se demander : « Pourquoi changer une Ă©quipe qui gagne ? » Pourtant, la prochaine section dĂ©voile combien la fibre carbone et les procĂ©dĂ©s de moulage monocoque ont bouleversĂ© cet Ă©quilibre.
Cadres et matériaux : fibre, acier noble et la bataille du monocoque
La technologie carbone se dĂ©cline aujourdâhui en modules plus rigides quâune poutre dâingĂ©nieur naval. Chez Colnago, le V3 utilise des fibres haut module soigneusement disposĂ©es, tandis que Bianchi privilĂ©gie un mĂ©lange Countervail, matĂ©riau amortissant les vibrations. RĂ©sultat : deux sensations radicalement diffĂ©rentes sur un mĂȘme billard dâasphalte.
Moulage monocoque vs tubes collĂ©s đ€
Colnago continue de produire ses sĂ©ries C en Ă©lĂ©ments tubulaires collĂ©s dans des manchons, gage de rĂ©paration facile. Sa sĂ©rie V, elle, passe au monocoque pour gagner 200 g et 11 % de rigiditĂ©. De son cĂŽtĂ©, Bianchi assume le « one-piece downstream » depuis lâOltre XR4. Ce choix technique simplifie la chaine de production mais limite les options de gĂ©omĂ©trie sur-mesure.
- âïž Monocoque : lĂ©gĂšretĂ© extrĂȘme, intĂ©gration des haubans, aĂ©ro optimisĂ©.
- đ§ Tubes collĂ©s : personnalisation supĂ©rieure, rĂ©parations localisĂ©es plus simples.
- đŻ Countervail chez Bianchi : 80 % de vibrations filtrĂ©es, selon les tests internes.
- đŹïž Large downtube du V3RS : -6 W Ă 45 km/h par rapport au V2R.
CritĂšre | Colnago V3 ⥠| Bianchi Oltre XR4 đ |
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Poids (cadre) | 865 g | 980 g |
SystĂšme | Monocoque T700 | Monocoque Countervail |
Rigidité boßtier | 62 N/mm | 59 N/mm |
Confort vertical | ModĂ©rĂ© đ | ĂlevĂ© đ |
Les rivaux amĂ©ricains Specialized et Trek investissent, eux, dans la simulation CFD pour modeler des cadres S-Works ou Ămonda ultra-aĂ©ro, mais lâapproche artisanale italienne sĂ©duit toujours les puristes. Les comparatifs rĂ©alisĂ©s sur Specialized vs Giant confirment que la fibre seule ne suffit pas : la gĂ©omĂ©trie et la jonction des couches se rĂ©vĂšlent cruciales.
Comparateur interactif : Bianchi V3 vs Colnago V3
Caractéristique | Bianchi V3 | Colnago V3 | Meilleur |
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