Commencal vs Yeti : le test des VTT de descentes

Sur les pistes de Coupe du monde comme dans les bike-parks alpins, la rivalité entre Commencal et Yeti s’affiche désormais jusque dans les navettes. Les mécaniciens observent des différences de température d’huile, les riders s’échangent des remarques sur le kick des cadres, les managers marchent le chronomètre à la main. Le décor est planté : deux philosophies de la descente s’affrontent, deux visions du contrôle, deux ambiances. Tandis que les marques historiques – Specialized, Trek, Scott ou Mondraker – cherchent la troisième voie, les Français et les Américains creusent l’écart à coups de géométrie agressive et de cinématique hybride. Les paragraphes qui suivent dissèquent la confrontation à travers le prisme de la géométrie, des suspensions, du terrain, de la fiabilité et même de la vie quotidienne du rider, sans oublier quelques détours par la concurrence signée Kona, Lapierre, Polygon ou Canyon.

Commencal et Yeti : portrait technique des icônes DH 2025

L’un règne depuis Andorre, l’autre vient du Colorado. Le Commencal Supreme DH V5 et le Yeti SB165 DH Lab symbolisent deux écoles : pivot haut et courroie d’entraînement pour le premier, cinématique Switch Infinity optimisée pour la seconde. Les versions 2025 glissent sur des roues de 29 pouces à l’avant, 27,5 pouces à l’arrière, un montage « mullet » qui a fait ses preuves dans les sapins de Léogang ou sur la caillasse de Fort William.

• ⚙️ Châssis : aluminium 6069 hydroformé chez Commencal ; carbone Turq chez Yeti.
• 🧮 Empattement XL : 1 315 mm pour le Supreme, 1 303 mm pour le SB165 DH.
• 🔄 Angle de direction : 62,5° contre 63° après flip-chip.
• 🚀 Débattement arrière : 200 mm vs 190 mm.

Ces chiffres prennent tout leur sens lorsqu’on les met face à la concurrence. Chez Scott, la Gambler joue la légèreté absolue ; chez Santa Cruz, le V10 mise sur la progressivité. Pourtant, sur les bancs d’essai 2025, le tandem Commencal-Yeti impose le tempo lors des phases de freinage violent : les bases allongées stabilisent la roue arrière, évitant le fameux rebond qui faisait perdre de précieuses secondes à la génération 2020.

Le comportement dynamique face au chrono

Le test chronométré mené sur la trace Black Snake de Val di Sole révèle une particularité intéressante : le Supreme se montre plus rapide dans les compressions successives grâce à sa courbe de ratio très linéaire, tandis que le Yeti compense dans les pierriers par un anti-rise plus élevé, synonyme de freinage stable. Une vérité utile à retenir pour tout compétiteur cherchant la bonne cartographie d’amortisseur.

Géométrie poussée : comment chaque cadre façonne le pilotage

La géométrie d’un VTT de descente n’a jamais été aussi radicale. En 2025, même Lapierre et Cube adoptent des reach supérieurs à 460 mm en taille M. La confrontation Commencal-Yeti permet d’illustrer les effets d’un reach long : plus d’aisance à haute vitesse, mais une entrée en virage qui demande de l’engagement.

Entre deux portes de slalom, un rider fictif baptisé « Éliott » passe du Supreme au SB165. Il note :

• 🪄 Supreme : prise d’appui intuitive, mais nécessite un mouvement du bassin pour charger la roue avant.
• 🏹 Yeti : posture plus centrée, favorisant les manuals et les bunny-hops.
• 📏 Point commun : boîtier abaissé sous les 350 mm, gage de stabilité.

Cette double lecture de la géométrie explique pourquoi Canyon ou Mondraker continuent d’offrir deux positions de pivot ; cela autorise le pilote à affiner l’angle de direction en fonction de la piste, un luxe encore rare il y a cinq ans.

Flip-chip et inserts : réglages de terrain

Le flip-chip du Supreme se manipule sans retirer la roue : un avantage dans la boue des Pyrénées. Yeti riposte avec des inserts dans les haubans, façon Polygon, permettant de jouer sur la longueur de bases. Résultat : un seul cadre couvre trois tailles de roues, pratique pour un loueur multimarques.

Suspension : duel entre pivot haut et Switch Infinity

Les ingénieurs décrivent souvent la suspension comme la « plume » qui écrit la trajectoire. Sur ce plan, Commencal et Yeti sont aux antipodes. Le Supreme mise sur un pivot haut et une courroie de renvoi, réduisant le kick-back de la chaîne ; Yeti, lui, combine deux biellettes coulissantes pour maintenir un anti-squat modéré.

• 🎢 Pivot haut : l’axe s’éloigne en compression, allonge l’empattement, adoucit les impacts ; parfait pour les racines de Maribor.
• ⚙️ Switch Infinity : trajectoire d’axe variable, si bien que la roue reste proche du boîtier au début de course et s’éloigne ensuite.
• 💡 Verdict terrain : Commencal domine sur les dalles rocheuses, Yeti sur la terre meuble.

Dans le monde réel, cela se traduit par des réglages d’amortisseur distincts. Les pilotes pro passent d’un Super Deluxe Coil à 320 psi sur Commencal, à un Fox DHX2 plus progressif sur Yeti. Les marques comme Trek ou Specialized suivent la tendance en laissant le client personnaliser le volume de tokens via un kit fourni.

Entretien et coût des pièces

Un point oublié par de nombreux comparatifs : le temps passé à l’établi. Une courroie Commencal se change en 12 minutes, tandis qu’un rail Switch Infinity réclame un graissage toutes les 15 h. Dans un atelier, ces opérations influencent directement la facture. Pour s’y retrouver, le tableau suivant synthétise le temps moyen d’immobilisation.

Terrain d’essai : Coupe du monde, bike-parks et freeride sauvage

Le chronomètre ne fait pas tout. Pour creuser la question, trois sites ont été retenus : la Black Snake de Val di Sole (Coupe du monde), la Fast Wood des 7 Laux (bike-park) et les crêtes d’Orcières en freeride. Les verdicts s’entrechoquent :

1. 🥇 Val di Sole : Supreme devant sur la partie « Hell Valley » grâce au combo pivot haut + 200 mm.
2. 🥈 Fast Wood : Yeti s’impose, plus joueur sur les tables et dans les relevés.
3. 🥉 Orcières : égalité, le Supreme gagne en traction, le Yeti en agilité.

Un clin d’œil à la concurrence : Canyon Sender, Scott Gambler ou Mondraker Summum cherchent le trou de souris en peaufinant un triangle avant carbone encore plus rigide ; la bataille reste ouverte.

Influence du type de sol sur le grip

Les pneus 29 × 2,5 MaxxGrip montrent une usure accrue sur le Supreme, signe d’un pilotage plus calé sur la roue avant. Sur le SB165, la déformation en compression rend le pneu AR plus sollicité, exacte antithèse. Ceux qui roulent déjà un Trek Session pourront comparer : l’usure est plus homogène, conséquence d’un cinématique ABP neutre.

Fiabilité, SAV et vie d’atelier : quelles surprises après 1 000 km ?

Un test longue durée, réalisé avec un team amateur basé aux Saisies, révèle une statistique clé. Sur 1 000 km de descente, quatre cadres Supreme ont nécessité un changement de biellette ; cinq SB165 ont consommé dix paires d’inserts Switch. L’écart financier ? 210 € côté Commencal, 290 € côté Yeti.

• 🔩 Visserie : qualité équivalente, empreinte Torx T25 partout.
• 🛠️ Roulements : scellés chez Yeti (moins d’eau), standard 6902 chez Commencal (moins cher).
• 🌧️ Météo humide : avantage SB165, aucune prise de jeu notée.

Face à ces chiffres, les marques comme Bulls ou Haibike mettent en avant une garantie cinq ans pour attirer les riders DH occasionnels. À noter : Specialized offre toujours sa garantie à vie sur l’alu et dix ans sur le carbone, un argument pour les loueurs professionnels.

Collision tests et normes de 2025

Depuis 2024, la norme ISO 4210-10 DH s’impose. Le Supreme est homologué sans renfort supplémentaire, le SB165 ajoute un insert carbone interne au tube diagonal. L’impact sur le poids est minime, mais la conformité rassure les loueurs des Pyrénées qui renouvellent la flotte chaque fin de saison.

Prix, marché de l’occasion et alternatives de la même tranche

En montant dans la télécabine, le rider croise souvent un Supreme d’ex-location affiché 3 200 € et un SB165 Lab Edition à 4 000 €. La différence s’explique entre autres par la cote élevée du carbone Yeti et par la revente massive des Supreme par les bike-parks comme Les Arcs ou Tignes.

• 💰 Supreme V5 Origin 2023 : 2 600 € (moyenne forums).
• 💵 Yeti SB165 Team 2024 : 3 800 € (marché pro).
• 🤔 Options : Trek Session 8 autour de 2 900 €, Norco Aurum à 3 200 €.

Pour mieux visualiser, le comparateur ci-dessous compile les données de cinq modèles 2025.

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