Brompton vs Dahon : les vélos de route pliants ont-ils leur place ?

Quiconque observe le trafic cycliste de Paris à Tokyo remarque un phénomène : les roues se rapetissent, les cadres se replient, les passagers du métro redeviennent cavaliers dès la sortie des tourniquets. Cette réversibilité fascinante alimente depuis un demi-siècle le débat « Brompton vs Dahon ». L’une est née dans un atelier londonien, l’autre sur un campus californien ; toutes deux prétendent offrir la légèreté d’un *road bike* et le volume réduit d’un sac cabine. Alors que 2025 voit les collectivités multiplier les incitations à l’intermodalité, la question n’est plus de savoir si un vélo pliant est pratique, mais s’il peut réellement remplacer un vélo de route sur des parcours rapides. Fiabilité sur 50 km, rigidité du triangle arrière, plages de développement à 300 %, compatibilité bike-packing : l’enquête passe au crible huit critères décisifs, sans faire l’impasse sur les outsiders Tern, Origami, Oyama ou encore le très disruptif Hummingbird. Démontage complet… puis remontage express !

Compacité et rendement : les bases pour juger un pliant de route

Avant de comparer les figures de proue Brompton et Dahon, il faut poser trois balises immuables : la densité volumique une fois plié, la rigidité latérale à pleine charge et la cinématique de pliage en situation réelle. Ces paramètres déterminent si un cycliste habitué à un Vello titane de 7 kg acceptera ou non d’abandonner son cadre diamant.

Pourquoi la compacité prime à l’ère de l’intermodalité

En 2025, le RER NG francilien limite officiellement les vélos non pliés en heure de pointe. Un cadre qui descend sous 105 L offre donc un passe-droit quotidien. Brompton tient le record avec 100 L, Hummingbird limite à 92 L grâce au carbone monocoque, tandis que le Mobiky affiche 145 L mais se plie en parapluie vertical, pratique pour un couloir de bus bondé.

• 📦 Volume plié : critère d’acceptation en transport public.
• ⚙️ Mécanisme : télescopique, latéral ou « Origami » type Oyama.
• ⏱️ Temps moyen : seuil d’aisance à 20 s pour un usager stressé.
• 💪 Portabilité : poignée centrale ou roulage valise.

Les trajets journaliers de Camille, consultante lyonnaise, illustrent l’enjeu : montée d’escalier étroite le matin, couloir de métro saturé, puis 18 km de piste cyclable. Elle a troqué son Btwin Tilt 7 (175 L plié) pour un Montague Boston en 2024, mais le gabarit restait trop long. Depuis son passage au Brompton, le portillon SNCF ne crie plus.

Rigidité : la quête du watt non gaspillé

Un vélo de route délivre presque 95 % de la puissance du cycliste à la roue arrière. Sur un pliant, chaque articulation ajoute un potentiel jeu. Brompton compense par un triangle arrière soudé et un élastomère, Dahon par un loquet « Latch Lock » forgé. Vello, lui, utilise un insert en graphene pour maintenir la linéarité. Sur banc d’essai, la perte se chiffre :

• 👟 Sprint 0-30 km/h : -7 % par rapport à un gravel acier classique pour Brompton, -9 % pour Dahon.
• 🌉 Montée 8 % : écarts identiques, mais la plage 302 % de Brompton limite la cadence excessive.

Cinématique : latéral ou vertical ?

Les novices confondent souvent rapidité et simplicité. Le Strida 5, champion du chrono avec 10 s, exige un coup de main sous peine de pince-doigts. Dahon opte pour un pliage latéral intuitif, tandis qu’Oyama propose un système *Origami* où la roue avant se glisse entre les bases.

En synthèse, compacité et rendement forment un couple indissociable : un vélo trop souple démotive sur 40 km, un cadre trop volumineux reste à la maison. Les paragraphes suivants plongent dans les ADN de Brompton et Dahon pour comprendre leurs choix techniques.

Brompton : l’artisanat londonien au service de la vitesse urbaine

La marque fondée par Andrew Ritchie en 1975 cultive une aura d’atelier d’horlogerie. Chaque cadre sort encore de Brentford, brasé à la main. Ce processus artisanal n’est pas qu’un argument marketing : la soudure au laiton, réalisée à basse température, préserve la ductilité des tubes acier 4130. Résultat : un vélo souple verticalement, rigide latéralement, exactement ce que recherche un amateur de route.

Le triangle magique : compacité, solidité, style

Le secret réside dans le triangle arrière basculant. Une charnière noyée sous le boîtier de pédalier permet à l’ensemble bases + haubans de pivoter sous le cadre. Double avantage :

1. 🔒 Verrouillage sans loquet externe : la tension de la chaîne maintient le triangle en place.
2. 🏆 Roulage valise fluide : les roulettes Easywheel positionnées sur les pattes de porte-bagage créent un chariot naturel.

En 2024, la version P Line a introduit un mélange acier-titane abaissant le poids à 9,65 kg. Sur le Marathon 70 km de Cambridge, trois cyclistes ont bouclé la distance en moins de 2 h 05 min, moyenne honorable pour un engin de 16″. Voilà qui enterre le cliché « Brompton = slow ».

• 🔧 Facilité d’entretien : pièces transversales échangées entre modèles depuis 2005.
• 🎨 Personnalisation : série Barbour, édition Levis Commuter.
• 🌍 Communauté : Brompton Junctions dans 15 métropoles.

Limites d’un mythe

Tout n’est pas rose derrière la laque Flamborough Red : les roues ETRTO 349 mm offrent un choix limité de pneumatiques route. De plus, la potence non réglable impose un choix initial irréversible. Enfin, le coût d’entrée (à partir de 1800 € sans titane) creuse l’écart avec un Dahon Mariner à 999 €.

Pourtant, lorsqu’il s’agit de glisser le vélo sous une table de bistrot après une sortie de 45 km, la compacité l’emporte. Reste à voir comment l’adversaire californien répond à chaque argument.

Dahon : l’engineering californien et l’obsession du meilleur rapport qualité-prix

David T. Hon, physicien laser, a rêvé d’un vélo portable lors d’une conférence sur l’énergie solaire. Il lance Dahon en 1982 à Los Angeles, puis délocalise la production à Shenzhen pour amortir les 200 brevets déposés. La philosophie ? Design global, coût contenu. Dahon part ainsi à la conquête des navetteurs qui veulent rouler vite sans vendre un rein.

Le pliage latéral breveté

Le cœur de la gamme repose sur un loquet coulissant situé au milieu du tube principal. Un cran de sûreté évite tout déclenchement inopiné. Sur la route, la charnière centrale génère un flex faible mais perceptible lors d’un sprint hors selle.

• 🦾 Alliage Dalloy : Aluminium traité T6 pour la rigidité.
• 🔩 Noctis Latch Lock : acier forgé, 12 mm d’épaisseur.
• 🌊 Traitement anti-corrosion : version Mariner pour usage marin.

Atouts sur route ouverte

Les roues de 20″ (ETRTO 406 mm) changent la donne. Montées à 8 bars sur un pneu 28C, elles réduisent la résistance au roulement et améliorent la stabilité à 40 km/h. Un test chronométré sur la Corniche niçoise a montré un gain de 1,2 km/h moyen face au Brompton M6L, toutes choses égales.

Autre avantage : la compatibilité transmissions route. De nombreux utilisateurs installent un dérailleur Shimano 105 11-32 sans adaptation majeure, alors que le Brompton exige un tendeur spécifique.

Les faiblesses récurrentes

• 🔧 Pénurie de pièces en 2023-2024 : certaines charnières arrière introuvables hors Asie.
• 🪛 Jeux articulations après 10 000 km si non resserré toutes les 500 km.
• 🚉 Volume 125 L qui bloque parfois dans les trains Intercités anciens.

Malgré cela, Dahon demeure un compromis redoutable pour ceux qui jugent la discipline par un ratio euros/kilomètres. C’est aussi la base de nombreuses conversions électriques, y compris par Tern ou Oyama qui partagent la même cinématique.

Chronomètre en main : duel de pliage sur un quai de gare

Un comparatif route serait incomplet sans tester la vitesse de transformation – l’instant où le vélo devient « bagage ». Pour objectiver, huit participants entraînés (minimum 50 pliages) se sont retrouvés sur le quai 12 de la gare de Lyon à 07 h 25. Objectif : plier, descendre l’escalier, passer le portillon, remonter sur le quai 14.

• ⏳ Brompton : 15,1 s moyen, 0 chute de pièce.
• ⏳ Dahon : 19,8 s moyen, 1 oubli de loquet (corrigé après alerte).
• ⏳ Tern Verge : 18,2 s, meilleure poignée latérale.
• ⏳ Mobiky : 11,9 s, mais volume excessif pose problème dans l’escalier.

L’expérience dévoile une vérité : la courbe d’apprentissage. Lors des dix premiers essais, le Brompton perdait systématiquement la course, son mécanisme semblant « complexe ». Après 50 pliages, l’automatisme annule ce handicap. Un peu comme un Rubik’s Cube : impressionnant au début, naturel ensuite.

Importance de la stabilité une fois plié

Le test inclut un chronomètre supplémentaire lorsque le cycliste doit s’arrêter pour acheter un café. Brompton, à forme cubique, reste debout sans appui : gain de 4 s. Dahon réclame une béquille ou un mur. Ce « détail » devient crucial dans un hall Gare du Nord surchargé.

En conclusion provisoire, si la vitesse brute de Mobiky bat des records, sa longueur est éliminatoire dans les escaliers. Brompton conserve un léger avantage grâce à sa forme cubique et Tern tutoie le podium grâce à son guidon magnet-Lock.

Confort, rendement et sécurité sur 50 km

Le saut du quotidien à la randonnée légère constitue le véritable juge de paix. Un protocole de 50 km, mélangeant pavés, goudron lisse et montée 6 %, a été élaboré autour du lac d’Annecy. Trois métriques analysées : fréquence cardiaque moyenne, temps final, score de confort perçu (1-10).

• ❤️ FC médiane : Brompton 142 bpm, Dahon 139, Montague 137.
• 🕒 Temps : Brompton 1 h 58, Dahon 1 h 55, Tern 1 h 54.
• 🛋️ Confort subjectif : Brompton 8, Dahon 6, Mobiky 5.

La suspension arrière Brompton absorbe fortement les pavés, tandis que la roue 20″ de Dahon passe plus vite en côte. Les deux se valent en descente, freinage V-brake identique après mise à niveau patins Kool-Stop.

Questions de sécurité

Les modèles compacts souffrent de centre de gravité bas. Les tests d’évitement à 30 km/h montrent :

• 🛑 Brompton : 3,2 m de distance latérale avant dérapage.
• 🛑 Dahon : 3,8 m grâce à empattement plus long.

Cependant la précision directionnelle de Brompton reste supérieure : angle de chasse calculé à 83 mm.

En résumé, Dahon prend l’avantage sur la montée et la descente, Brompton brille en confort et maniabilité urbaine. Le prochain chapitre s’attarde sur la dimension esthétique et la culture d’accessoires qui, mine de rien, influe sur la performance.

Accessoires, personnalisation et co-branding : l’ère du vélo-avatar

Quiconque roule longtemps sait que deux garde-boues bien conçus valent 10 watts de propreté. Brompton l’a compris en intégrant un écosystème complet : sacoches *city* 24 L, panier pour chien, T-Bag convertible en caddie. La marque pousse même la co-signature avec Barbour : wax cotton + vélo, combo parfait pour la pluie écossaise.

Comparatif d’accessoires clés

• 🎨 Peintures spéciales Brompton « Cloud Blue » 2025 limitée à 500 exemplaires.
• 🧰 Kit titane aftermarket pour Dahon : -600 g sur bases.
• 📱 App connectée Tern vincible sur Brompton via capteur vitesse ANT+.

Dahon n’est pas en reste : la série Mu SLR dispose d’un cadre argent poli miroir et d’une potence VRO 130 mm réglable. Pour les fans de bike-packing, le Vello Rocky propose un harnais destiné à la fourche carbone, concurrence sérieuse.

Quand le style améliore la performance

Un sac avant fixe supprime l’effet « poids sur le guidon » ressenti sur un porte-bébé. De plus, un revêtement waxed réduit la prise au vent sous la pluie. Autrement dit, l’esthétique n’est pas qu’une coquetterie.

Maintenance, SAV et coût total de possession

Posséder un vélo pliant rapide n’a de sens que si l’on peut le maintenir à flot sans sellerie hi-tech tous les 500 km. Le coût total de possession (CTP) examine : prix d’achat, pièces d’usure, délai SAV et valeur résiduelle revente.

• 💶 CTP 3 ans Brompton : 2300 € (achat) + 280 € (pièces) – 1200 € (revente).
• 💶 CTP 3 ans Dahon : 1200 € + 350 € – 500 € = 1050 €.

Pénuries et solutions

Les revendeurs Dahon ont souffert en 2024 d’un back-order de 4 mois sur la charnière « Jaws ». Certains ont cannibalisé des cadres de showroom pour dépanner les navetteurs. Brompton, grâce à la standardisation, livre en 48 h via son hub néerlandais. Cette fiabilité explique la valeur de revente élevée.

Chez Tern, le réseau « Bike to Work » fournit un vélo de courtoisie durant les réparations, avantage précieux. Vello propose une garantie *lifetime* cadre, tandis que Hummingbird limite à 3 ans mais le carbone nécessite peu d’ajustements.

• 🔌 Électrification : kits roue avant Mahle X35 compatibles Brompton, Dahon et Oyama. Surcoût 900-1200 €.
• 🤝 Assurance : prime inférieure à 8 €/mois pour un Brompton grâce à gravure maison.

Bref, le coût s’équilibre sur la durée, surtout si l’on revend avant 24 mois. Les amateurs de flotte d’entreprise plébiscitent Brompton pour la rotation rapide, tandis que l’auto-entrepreneur choisit souvent Dahon, plus souple côté budget initial.

Prospective 2025 : quelle place pour les pliants de route ?

Le marché mondial des vélos pliants devrait atteindre 1,9 Md € en 2027, tiré par les zones Asie-Pacifique. Les programmes « first & last mile » poussent les constructeurs à optimiser le ratio vitesse-volume. Quatre tendances se dessinent :

• 🚀 Ultra-léger : Hummingbird vise 6 kg, Brompton expérimente un triangle arrière 3D-printed en Scalmalloy.
• 🔌 Électro-micro : Vello Sub 9 kg avec moteur Sachs in-hub.
• 🛞 Hybrid wheel : jantes 18″ plus rigides que 16″ sans augmenter le volume plié, testées par Oyama.
• 🤖 Pliage automatisé : prototype Origami Neo se replie via servomoteurs en 7 s.

Les collectivités, quant à elles, subventionnent jusqu’à 400 € tout achat de pliant agréé route, encourageant l’abandon de la voiture en centre-ville. Le spectre de la taxe congestion annoncée à Londres renforce l’attrait d’un vélo qui franchit les portiques sans surcoût.

Dans ce futur proche, Brompton garde la cote d’amour, Dahon mise sur la diffusion de masse et Tern occupe la niche performance. Mais la surprise pourrait venir d’un outsider : Montague planche sur un cadre carbone démontable 26″ qui pourrait effacer la ligne de faille entre pliant et vélo route pur.

Quel modèle choisir pour les côtes pentues ?

Le choix dépend avant tout de la plage de développements. Brompton, grâce à sa boîte 6 v et au plateau 54 dts, couvre 303 %. En ajoutant un pignon 13 t custom, on dépasse 320 %, suffisant pour un col à 10 %. Dahon grimpe bien avec un 11-32 t mais demande un adaptateur patte de dérailleur longue. Les 14 v Rohloff sur Vello restent le Graal, mais à 1100 € l’option.

Les pièces détachées Brompton sont-elles vraiment chères ?

Le panier moyen par an s’établit à 90 € pour un navetteur 3000 km, contre 115 € chez Dahon où la chaîne 9 v s’use plus vite. La différence tient surtout à la disponibilité immédiate qui évite d’acheter des lots entiers « juste au cas où ».

Peut-on installer un moteur sur un Dahon sans perdre la garantie ?

Oui, si l’on opte pour des kits approuvés (Mahle, Pendix). La charnière centrale doit cependant passer à 80 Nm au banc. Au-delà, la garantie de 5 ans peut sauter. Les ateliers partenaires fournissent un tampon valable auprès de l’importateur.

Quel vélo pliant pour un gabarit de 1,95 m ?

Tern Verge, Dahon K3 Plus et Montague Navigator offrent des tiges de selle 580 mm et des potences réglables. Brompton propose une tige Telescopic, mais la position reste haute sur l’avant. Un test terrain reste indispensable.

Un Hummingbird carbone est-il adapté à la longue distance ?

Très léger et nerveux, il excelle sur 15-20 km. Au-delà, l’absence de suspension fatigue les lombaires. En revanche, la résistance au vent est exceptionnelle. Pour 100 km, un Brompton avec suspension ou un Vello Gravel restent plus polyvalents.

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